Comment peindre une sphère ? Ombres et lumières
- abressontrichard
- 30 nov. 2022
- 7 min de lecture

Nombreuses sont les occasions où nous avons à peindre une sphère, notamment dans une nature morte représentant un fruit, ou une boule de Noël ou un autre objet de forme sphérique.
L’enjeu revient à créer un effet de volume ou de 3 Dimensions, alors qu’on dessine et peint l’objet sur une surface plane en 2D et de capter les effets les lumières.

Ci-dessous quelques notions pour réussir cet exercice.
C’est le jeu de la lumière et des ombres créées sur et autour de l’objet qui va tout d’abord produire l’effet de VOLUME sur notre sphère. La LUMIERE est donc l’élément clé du sujet. Outre le volume, la lumière va impacter les COULEURS et les différentes VALEURS, soit les différentes nuances de clair et de foncé des couleurs. La lumière va aussi impacter la qualité des CONTOURS de l’objet. Elle influence ensuite la forme et le degré de contraste de l’OMBRE portée de l’objet.

1. LA LUMIERE
Comment la lumière éclaire-t-elle l’objet ?

La lumière va frapper l’objet en un point d’impact précis, en fonction d’un certain angle entre l’objet et le rayon de lumière.
C’est le point le plus éclairé de la sphère, celui qui reçoit un rehaut de lumière presque blanc.
A partir de ce point d’impact, sur la demie-sphère éclairée, la lumière va se diffuser autour de l’objet, en épousant ses contours, un peu comme un ricochet à la surface d’un plan d’eau.
La lumière va se diffuser jusqu’à une ligne au-delà de laquelle l’objet entrera dans l’ombre.
Cette ligne entre ombre et lumière est généralement l’endroit où la couleur locale de l’objet est la plus vive, la plus colorée, la moins altérée par l’ombre et par la lumière. En effet, les couleurs dans la lumière sont affadies par la lumière, ou légèrement blanchies, et les couleurs dans l’ombre sont rabaissées, ou plus sombres.
A partir de cette ligne, l’objet n’est plus directement éclairé par la lumière et entre progressivement dans l’ombre. Il s’agit alors de la demie-sphère dans l’ombre, la plus foncée, qui ne reçoit pas de lumière directe.
Les deux demies-sphères, celle éclairée et celle dans l’ombre, sont deux zones de dégradés de valeurs, de lumière et d’ombres, du plus clair au plus foncé.
Le point opposé au point d’impact lumineux est aussi le plus dans l’ombre et donc le plus foncé. Néanmoins, la réflexion de la couleur de l’objet sur une surface peut renvoyer un peu de lumière et donc éclairer à son tour l’extrémité basse de la sphère.

La source et le sens de la lumière : il faut toujours identifier ou choisir l’emplacement et la direction de la source lumineuse. En extérieur, ce sera la source du soleil, en atelier, ce sera la source de lumière artificielle. Mieux vaut n’avoir qu’une source de lumière pour pouvoir lire clairement les informations. Le jeu des ombres et des lumières sera plus net. Mais on peut aussi jouer avec plusieurs sources lumineuses, comme par exemple avec la lueur d’une bougie en plus d’une autre source de lumière.
Traditionnellement dans les natures mortes classiques, la lumière venait de la droite, la majorité des peintres étant droitier. Cela implique que la gauche du tableau est alors dans l’ombre et le côté droit du tableau dans la lumière. De même, le côté gauche de l’objet est dans l’ombre, et son coté droit dans la lumière. En peinture, on peut jouer également sur les contrastes du fond pour faire ressortir l’objet.
La lumière peut aussi venir de face, de ¾, de derrière (par exemple lorsqu’une bougie est placée derrière un objet), du dessus ou du dessous. L’objet sera donc éclairé différemment, les parties dans la lumière varieront, ainsi que les parties dans l’ombre, en fonction de l’angle de la lumière.

Les ombres sur l’objet : le sens de la lumière impactera également les zones de l’objet qui ne seront pas éclairées et qui seront donc dans l’ombre. Ainsi, avec une lumière du dessus par exemple, la partie dans l’ombre sera le bas de notre sphère. Une lumière oblique pourra aussi agrandir la surface éclairée.
La température de la lumière : enfin, la lumière peut être chaude ou froide, ce qui influera également sur les couleurs de l’objet et les couleurs de son ombre. Ainsi une flamme de bougie est plutôt chaude, alors que la lumière du soleil au zénith sera froide.

Lorsque la lumière est chaude, la couleur locale de l’objet sera également dans des teintes chaudes. En revanche, son ombre sera froide. Par exemple, une lumière chaude apportera des teintes plus rouges, orangées ou jaunes à un objet ; son ombre sera plus bleutée ou plus violette. Un kaki orange dans une lumière chaude s’auréolera de tons orangés vifs, et son ombre pourra tirer sur le vert.
A l’inverse, lorsque la lumière est froide, la couleur locale de l’objet sera froide et son ombre chaude. Par exemple, une lumière froide apportera des teintes plus bleutées, violettes ou vertes sur l’objet, et l’ombre sera plus brune, rouge ou orangée. Une lumière froide sur une pomme verte accentuera sa couleur verte-bleue, et projettera une ombre tirant sur le brun-rouge.
2. LA SPHERE

On peut alors identifier plusieurs zones :
- Le point d’impact de la lumière : c’est l’endroit où la lumière touche l’objet à angle droit, une petite surface : c’est le point le plus lumineux, celui où l’on verra donc un rehaut de lumière très clair, voire blanc. On l’appelle le reflet spéculaire.
- La zone éclairée, dans la lumière, zone de dégradé de lumière dans laquelle la lumière se diffuse en épousant les contours de la sphère, jusqu’à une ligne au-delà de laquelle la lumière dépasse la sphère sur les côtés.
- Une ligne colorée, le point le plus chromatique de la sphère, à partir de laquelle la sphère rentre dans l’ombre.
- La zone ombrée de l’objet (en anglais « core shadow »), qui ne reçoit plus la lumière directement, mais seulement indirectement, par les côtés. C’est l’ombre de forme, sur l’objet lui-même.
- La zone semi dans l’ombre, légèrement éclairée par un reflet de la couleur de l’objet, renvoyé par la surface sur laquelle il est posé.

- L’ombre de l’objet (en anglais « cast shadow ») ou l’ombre portée. Cette ombre commence par une zone plus foncée, là où l’objet rentre en contact avec la surface sur lequel il est posé (l’ombre d’occlusion), puis elle va en s’éclaircissant légèrement.
3. LES COULEURS ET LES VALEURS
Les parties éclairées auront des couleurs plus intenses, plus chromatiques, plus teintées, plus vives. La seule exception est le point d’impact de la lumière, qui lui, sera affadi par le blanc de la lumière. Il peut même être presque blanc. Dans la lumière, on sera donc dans des valeurs claires à moyenne.
La zone la plus colorée est la ligne qui sépare la zone éclairée de la zone dans l’ombre.
Les parties dans la lumière sont plutôt peintes avec des couleurs opaques.
Les parties dans l’ombre auront des couleurs plus nimbées, moins vives, seront dans des tons de plus en plus ombrés. Dans l’ombre, les valeurs seront des valeurs moyennes à foncées.
La zone de reflet de lumière près du support, dans l’ombre néanmoins, sera légèrement plus claire que la zone ombrée, mais plus foncée que la zone dans la lumière.
Les parties dans l’ombre sont plutôt peintes avec des couleurs transparentes.
4. LES CONTOURS
Les contours de la sphère varient en qualité en fonction de leur éclairage et de leur distance. Les parties les plus éclairées auront des contours plus nets. Les parties ombrées seront plus diffus. Si la sphère est vue de 3/4, les parties les plus éloignées auront des contours plus flous. A noter cependant que des contours ronds sont plus floutés que des contours droits. Dans le cas de notre sphère, les contours seront donc plutôt semi-flous…
On peut flouter les contours d’une forme soit en intercalant un ton intermédiaire entre le ton du fond et le ton de l’objet, soit en fusionnant les deux plans de couleurs avec un pinceau sec.
5. L’OMBRE PORTEE
L’ombre portée peut prendre différentes formes et aura différents contrastes en fonction de plusieurs facteurs : la hauteur de la source lumineuse et sa distance par rapport à l’objet, l’intensité de la source lumineuse et la position du plan sur laquelle l’ombre est projetée (vertical ou horizontal par exemple).
D’une manière générale, plus la lumière est de côté et éloignée, plus les ombres seront longues et en forme d’ellipse et plus la lumière est au-dessus de l’objet, plus son ombre sera courte et ronde.
Plus la source lumineuse est éloignée de l’objet, moins l’ombre est sombre, plus l’ombre est pâle. A contrario, plus la source lumineuse est proche de l’objet, plus l’ombre sera sombre.
La partie de la sphère directement en contact avec la surface sur laquelle elle est posée est la partie la plus sombre de l’ombre. C’est l’ombre d’occlusion. Plus on s’éloigne, plus l’ombre s’éclaircit et elle sera très diffuse à son extrémité.

Il y a une ombre portée par source lumineuse. Si l’objet est éclairé par plusieurs sources, il y aura plusieurs ombres portées.
La couleur de l’ombre est impactée par la couleur du support, et peut être aussi impactée par la couleur de la sphère. Elle sera d’une valeur plus sombre que la valeur locale du support. A noter cependant que l’ombre est toujours moins sombre que la partie la plus ombrée de l’objet lui-même, sauf pour l’ombre d’occlusion.
On peindra l’ombre portée plutôt avec des couleurs transparentes, laissant passer la couleur du support.
6. LES REFLETS
En plus de l’ombre portée, la sphère peut projeter sur la surface sur laquelle elle est posée des reflets de couleurs. Ce sera le cas sur une surface claire ou sur une surface brillante par exemple. Il y a moins de reflets sur une surface matte ou rugueuse.

De même, il peut y avoir un reflet de lumière renvoyé par le support sur la base de la sphère.

Enfin, il peut y avoir un reflet de couleurs renvoyée sur la base de la sphère par le support, de la couleur du support. Ce reflet prend donc à la fois la couleur de la base de la sphère et la couleur du support.

7. LE FOND
Pour bien mettre en valeur notre sphère, il faut également bien choisir son fond : ses couleurs et ses valeurs.
On peut jouer sur les clairs et les foncés de manière à faire ressortir par contraste les clairs et les foncés de notre sphère : apposer une couleur plus claire derrière les parties foncées de notre sphère et une couleur plus foncée derrière les parties claires de notre sphère, tout en respectant le sens de la lumière.
On peut également jouer sur les couleurs, tendant soit vers une harmonie de couleurs avec des couleurs proches en gamme ou au contraire jouer le contraste des complémentaires.
On peut jouer également avec des gris colorés.
Enfin, on peut jouer avec les contrastes de température et les couleurs chaudes et froides, selon la couleur de notre sphère : avec des kakis orange, essayer un fond bleu ; avec une boule de Noël rouge, essayer un fond vert.

A noter que la juxtaposition de plusieurs objets va également impacter le jeu des ombres et des lumières sur notre sphère, soit en obstruant la lumière sur un des objets, soit en projetant l’ombre d’un autre objet sur notre sphère…
La meilleure façon d’expérimenter tout cela est d’abord de bien observer ce qui se passe, de regarder son sujet et d’en faire une bonne analyse, et bien sûr, de pratiquer !
Alors, à nos pinceaux !
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Auteur : Armelle BRESSON-TRICHARD, Atelier ARTmelle
Décembre 2022
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