La couleur ROUGE en Peinture

Les rouges, surtout les rouges profonds tirant sur le bordeaux et les carmins brûlés, sont mes couleurs préférées. Ils aiguisent ma sensibilité, ils me réchauffent, ils sont pour moi source de vitalité et d’énergie, ils me tirent vers la joie. C’est la couleur de l’Atelier !

1. Les différentes Teintes de Rouge et de Brun

Le rouge pur est une des trois couleurs primaires, qui ne s’obtient pas par le mélange d’autres couleurs et qui peut servir à la fabrication d’autres teintes. Il s’obtient par des pigments minéraux (ex : oxyde de fer ou des sulfures), des pigments de synthèse/organiques, des pigments végétaux (ex : garance) ou des pigments d’origine animal (ex : cochenille ou kermès ou pourpre).

Associés à d’autres teintes, les rouges vont du rouge orangé (orange de cadmium PO73, vermillon PR106), en passant par les rouges moyens (rouge de cadmium moyen PR108, quinacridone PR122, PR206, PR209, rouge pyrrole PR254, PR255, PR264) aux rouges foncés (alizarine cramoisie PR83) jusqu’aux rouges-violets (pourpre, carmin brûléPR254/PB29, tête morte violette PR101/PB29/PR264).

Les Rouge chez Talens (Rembrandt)

Les bruns vont des bruns foncés (brun Van Dyck PR101/PBk11), terre d’ombre naturelle contenant du jaune PY42/PR101/PBk11, terre d’ombre brûlée PR101/PBk11), bruns moyens (terre de Sienne brûlée PR101, still de grain brun PY110/PR264/PG7) avant d’atteindre les bruns-ocres rouges (ocre rouge PR102, rouge anglais).

Les Bruns chez Talens (Rembrandt) :

Ocres du Roussillon

Les rouges et les bruns sont des couleurs à tendance chaude, même si certains rouges et certains bruns sont relativement plus froids que d’autres, selon qu’ils tendent vers les violets (contenant du bleu ou du vert) ou les verts ou vers les orangés (contenant du jaune).

Affadi avec du blanc, on obtient des roses. Foncé, on obtient des bruns ou des bordeaux. On peut le foncer avec sa couleur complémentaire.

Sa couleur complémentaire est le VERT.

Les rouges donnent souvent l’impression d’avancer par rapport aux couleurs plus froides.

Etant très intense, le rouge est souvent utilisé comme couleur tonique en plus petite quantité que la couleur dominante. L’œil du spectateur va être attiré vers le rouge dans un tableau.

2. Comment lire les informations sur les tubes de peinture ?

Les lettres PR signifient : Pigments Red. (PB signifie Pigment Bleu, PG signifie Pigments Verts, PW signifie Pigments Blancs, PY signifie Pigments Jaunes) en anglais.

Le numéro qui suit fait référence à la teinte définie en fonction de l’Index International des Couleurs (ou le Color Index de la Society of Dyers and Colourists et de l’American Association of Textile Chemists and Colorists).

Les carrés vides, pleins, semi-vide ou semi-pleins indiquent le degré de transparence ou d’opacité de la couleur.

Les étoiles indiquent le degré de tenue à la lumière.

Le chiffre (de 1 à 5) numéro indique la catégorie de prix du tube chez le fabriquant et son numéro de référence chez ce fabriquant.

3. Evolution des couleurs

Le rouge et le brun sont des teintes utilisées dès l’époque préhistorique, avec l’utilisation des ocres, de l’argile et de l’hématite, contenant de l’oxyde de fer.

Grotte de Chauvet (-36000 ans)

Le rouge pompéien de la Villa des Mystères aurait été obtenu à partir d’ocre rouge ou du minerai de cinabre, un rouge vermillon obtenu avec du sulfure de mercure. A la lumière, ces pigments ont tendance à noircir. Le cinabre original est très toxique.

Il a ensuite été synthétisé vers 1830. C’est un bleu chaud qui contient une pointe de rouge par opposition au bleu de Prusse ou au bleu phtalo qui tire vers le vert ou le noir. Il est parfait pour représenter la mer ou le ciel, dans de subtils lavis dégradés de blanc.

Le rouge a longtemps été obtenu à partir de la pourpre ou murex, d’origine animale, donnant un rouge violacé profond car contenant du bleu : il était tiré de coquillages, des mollusques gastéropodes, nombreux sur la côte méditerranéenne dans l’Antiquité. On le trouve aussi à Essouira au Maroc. L’extraire coûtait cher et son usage était réservé à des étoffes destinées aux dieux et aux classes dirigeantes des sociétés entourant la Méditerranée. À Rome, c'était le symbole du pouvoir : la largeur de la bande pourpre portée sur la toge, et les différentes teintes de rouge sur les vêtements rouges indiquent le statut social du porteur du vêtement. Seuls les imperatores portaient des vêtements entièrement teints de pourpre.

Le rouge carmin a aussi été extrait à partir du kermès (parasite du chêne) ou de la cochenille, en broyant le corps séché et les œufs de la femelle. Cet insecte vit sur des cactus cultivés surtout en Amérique latine, comme au Pérou. C’est le rouge Carmin ou Crimson Lake. C’est par ailleurs un colorant naturel utilisé comme colorant alimentaire (on trouve dans le saucisson, le jus de fruits et les boissons alcooliques, sans oublier les cosmétiques tels que le shampoing et le rouge à lèvres.) Il faudrait 100 000 insectes pour obtenir un litre de colorant. Ajouté à de l’alumine, l’acide carminique donne des rouges transparents, utilisés en glacis.

On obtenait également le rouge à partir de la plante de garance (rubia tintorium ou rouge des teinturiers), utilisant sa racine en rhizome pouvant mesurer 80 cm, après 3 années de pousse. Elle était beaucoup cultivée dans le sud de la France, dans le Vaucluse ou encore au Maroc. Elle produit des petites fleurs jaunes. Les rhizomes renferment des dérivés de l’anthraquinone, dont l’alizarine et la purpurine. Les pantalons des zouaves et des uniformes des soldats du début du XIXème étaient teints avec de la garance. Cependant, le rouge extrait était peu vif et terne.

Van Eyck, Autoportrait au turban rouge, 1433

Les tableaux anciens ont souvent tendance à verdir, les pigments rouges historiquement d’origine végétale ou animale s’effaçant facilement, alors que les terres vertes d’origine minérale persistent. En effet, les terres vertes étaient souvent utilisées en sous-couche des tableaux, notamment sous les teintes de chair à base de rouge pour rendre les ombres sur la peau, en transparence.

Dans la peinture moderne, le rouge me fait immédiatement penser aux rouges des tableaux de Renoir qui utilisait surtout le rouge vermillon ou au rouge de Matisse, le rouge de cadmium moyen.

Renoir, Les Deux Sœurs, 1881

Matisse, La Desserte, 1908

Les rouges sont aujourd’hui le plus souvent des rouges de synthèse ; le vermillon a remplacé le rouge cinabre, l’alizarine a remplacé le rouge cochenille et la laque de garance, les rouges azoïques les rouges à base de cadmium.

4. Signification symbolique du rouge

La couleur rouge porte des significations tant positives que négatives.

· D’un côté, le rouge est symbole de vie, de puissance, de richesse, de passion, de sensualité. C’est la couleur du pouvoir et de l‘amour. Ce serait aussi aula couleur de l’honneur. On s’est longtemps marié en Occident dans des robes de mariées rouges. En Asie, c’est la couleur de la chance.

· De l’autre, le rouge évoque le sang, la violence, la colère, l’agressivité et les interdits. C’est la couleur des révolutions. C’est aussi la couleur du diable ! Ce serait la couleur de l’émotion.

Amusez vous à reconnaitre les différents rouges utilisés par les peintres et plpongez dans cette magnifique couleur !

Alors, à nos pinceaux !

(Sources : diverses et variées, dont Wikipedia.)

Auteur : Armelle Bresson-Trichard, Mai 2023

Atelier ARTmelle (L'Atelier | AtelierArtmelle (atelierartiste.wixsite.com))

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