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Les VERTs en Peinture

abressontrichard

Le vert est la couleur dominante dans la nature. Mais je devrais dire « les » verts, car il existe une grande variété de teintes entre les espèces de végétaux, des verts jaunes aux verts bleutés en passant par les verts clairs ou foncés. Le vert est la couleur que l’œil voit le mieux quand la lumière baisse, grâce aux batônnets de notre rétine. La chlorophylle est à la base des verts dans la nature, permettant de transformer la lumière du soleil en énergie chimique. Le chrome contenu dans certaines roches est ce qui rend l’émeraude verte. Aujourd’hui, la plupart des teintes vertes utilisées en peinture sont obtenues par des associations chimiques.


1. Les différentes teintes de VERT

Le vert est une couleur secondaire, obtenue par le mélange de deux couleurs primaires, le bleu et le jaune. C’est pourquoi sur le cercle chromatique, le vert se situe entre ces deux teintes. Plus il contient de bleu, plus le vert tire vers le turquoise. Plus il contient de jaune, plus il s’éclaircit et plus il est lumineux. L’éclaircir avec du blanc l’affadit.


Sa couleur complémentaire est le rouge (la couleur opposée sur le cercle chromatique), chacune renforçant l’autre lorsqu’elles sont juxtaposées.

On peut foncer ou rompre les verts avec du bleu ou avec sa couleur complémentaire, le rouge ou avec des bruns. Cela les rendra plus naturels.


On peut donc fabriquer ses verts avec différents mélanges de bleus et de jaune, et obtenir une belle palette de verts différents. Ci-contre mon nuancier de bleus et de verts obtenus avec le mélange de mes bleus et de mes jaunes.













Les fabricants de peinture proposent évidemment aussi des verts déjà mélangés.

Voici la gamme des Verts de chez Talens (Rembrandt) :


Ceux que j’utilise le plus sont les suivants :

- la Terre Verte (PG23 ou PY42/PB15), pigment minéral opaque à base d’argile et d’oxyde de fer, un peu plus bleu que le vert olive, était beaucoup utilisée dans la peinture classique en sous-couches pour amener les tons d’ombre sous les teintes de chair transparentes. Les pigments rouges étant moins stables car d’origine végétale ou animale, nombreux tableaux anciens paraissent aujourd’hui verdâtres.

Duccio, 1300, The Maesta











- Le Vert de Vessie ou vert sapin (PG7/PY10), transparent ;

- Le Vert Cinabre claire, opaque (PG7, PY154, PY42), qui contient beaucoup de jaune ;

- Le Vert émeraude, très vif et transparent, d’origine minérale, à base d’oxyde de chrome. Il est très intéressant à utiliser dans les dernières couches en transparence pour apporter de la profondeur à des bleus, dans les reflets d’eau par exemple.

- Le Turquoise, souvent à base de vert de cobalt, qui selon les marques, tire plus vers le vert ou vers le bleu.


Il est intéressant également de connaitre les teintes de brun qui contiennent du jaune, car en les fonçant avec du bleu, ils tireront sur le vert, contrairement aux bruns qui contiennent plus de rouge. C’est le cas de l’ocre jaune (PY42), de la Terre de Sienne naturelle (PY42/PR101) ou de la Terre d’ombre naturelle (PY42/PR101/PBk11) : mélangés avec des bleus, ils donneront des verts intéressants tirant sur le jaune.



Les verts kakis peuvent s’obtenir en ajoutant une pointe de noir à du jaune.

Les verts sont à tendance froide, contenant du bleu. Plus ils tirent vers le jaune, plus ils se réchaufferont.


Les verts donnent souvent l’impression de reculer par rapport aux couleurs plus chaudes. C’est pourquoi dans les tableaux, pour créer l’impression de distance, les éléments les plus éloignés seront souvent teintés dans les verts-bleus.

En peinture, le vert est omniprésent dans la peinture de paysage, tant dans la peinture classique que dans la peinture moderne, comme chez le Douanier Rousseau.







On peut aussi penser au vert « Véronèse ».




















Ou à la « Jeune femme à la robe verte » de Tamara de Lempicka :

















2. Comment lire les indications sur les tubes de peinture


Les lettres PG signifient : Pigments Green. (PR signifie Pigment Red-Rouge, PB signifie Pigment Blue-Bleu, PW signifie Pigments White-Blancs, PY signifie Pigments Yellow-Jaunes).

Le numéro qui suit fait référence à la teinte définie en fonction de l’Index International des Couleurs (ou le Color Index de la Society of Dyers and Colourists et de l’American Association of Textile Chemists and Colorists).

Les carrés vides, pleins, semi-vides ou semi-pleins indiquent le degré de transparence ou d’opacité de la couleur.

Les étoiles indiquent le degré de tenue à la lumière.

Le chiffre (de 1 à 5) numéro indique la catégorie de prix du tube chez le fabriquant et son numéro de référence chez ce fabriquant.


3. Signification symbolique du vert

La couleur verte aurait des vertus apaisantes et reposantes. C’est la couleur de l’harmonie. Le vert symbolise la nature, le printemps et donc le renouveau, la vie, la fertilité et la croissance.


Le vert est la couleur historique de l’Islam, représentant la végétation luxuriante du paradis. Couleur sacrée, on évitait de l’utiliser dans les tapis pour ne pas marcher dessus… Il a naturellement été adopté comme la couleur symbolique des partis écologiques et des mouvements environnementaux, par son association avec la nature.


Le vert est aussi associé à la chance (le trèfle à quatre feuilles), au hasard (le tapis vert des jeux de roulette) et à l’espoir (couleur de l’Esperanto).


Dans sa symbolique négative, le vert est associé à la maladie et à la mort, avec les teintes de peau verdâtre quand on a la nausée. Les comédiens superstitieux l’évitent sur scène, de peur qu’elle leur porte malheur. Au Moyen Age, le vert-de-gris, pigment utilisé par les peintres, était aussi un poison. Le vert est aussi la couleur de Satan, du diable, des ennemis de la chrétienté, des êtres étranges : fées, sorcières, lutins, génies des bois et des eaux.


On l’associe aussi communément à la jalousie et à l’envie.


Dans l’histoire moderne, le vert a souvent été associé à l’argent, à la richesse, aux banquiers et aux marchands, le rouge étant associé à la noblesse.


Je vous invite à ouvrir l’œil lors de vos balades et à vous amuser à identifier les nuances de vert qui nous entourent. C’est aussi un très bel exercice de peinture d’essayer de reproduire les verts que vous rencontrez et de chercher leurs proportions de bleu ou de jaune. Vous allez être surpris du nombre de teintes que la nature nous offre !


(Sources : diverses et variées dont « Vert. Histoire d'une couleur », de Michel Pastoureau.)


A nos pinceaux !


Auteur : Armelle Bresson-Trichard, Juin 2023


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